A Marseille, la Fondation de l'Armée du Salut accueille et accompagne 40 personnes en situation de très grande marginalité, dans 2 lieux de vie voisins et constitués de containers maritimes réaménagés en studettes individuelles : - 20 personnes qui refusaient de fréquenter les structures d’urgence traditionnelles , dans le lieu dit "Le Hameau", - et 20 femmes en situation de très grande marginalité, dans le lieu dit "Entr'elles". La raison d'être de ces 2 lieux singuliers : offrir un abri pérenne, une sécurité de vie hors la rue pour permettre à ces hommes et à ces femmes de se poser et de se reconstruire, en développant une nouvelle approche liée aux activités restauratrices et participatives, en lien avec les dispositifs du CHRS William Booth et les associations marseillaises partenaires.
Cette mesure d'impact a été réalisée au cours des mois de juin et juillet 2023 auprès de 33 personnes sur une population de 40, soit une marge d'erreur de 7,23 %. Les résultats présentés ont donc une robustesse significative. Crédits photos : Valentina Camu
Les publics du Hameau et d'Entr'elles sont bien ceux ciblés : les personnes y arrivent après un long parcours ancré dans l'errance : 54,5% vivaient au mieux sous un abri de fortune et le plus souvent dans la seule rue ; 21% supplémentaires ne bénéficiaient que de solutions temporaires d'hébergement d'urgence. Par ailleurs, la durée des parcours d'errance avant leur arrivée a été longue, plus d'un an pour trois quarts des personnes et même plus de 5 ans pour 57% d'entre elles. Les situations administratives à l'entrée sont assez variées, les nationalités française ou européenne pour près de 2/3 des personnes. L'hypothèse est confirmée que leur errance provient de multiples raisons, souvent cumulatives : difficultés familiales, psychiques ou psychologiques, de santé, d'addictions, la fuite d'un pays, une expulsion... Enfin, les personnes logées au Hameau y vivent très majoritairement depuis plus de 18 mois, - la durée n'est pas limitée et le Hameau existe depuis 2008 ; alors que les femmes logées à Entr'elles sont présentes depuis moins longtemps, et pour cause : le dispositif a ouvert ses portes en 2022. Le foisonnement d'actions voulue par l'approche globale des équipes professionnelles est bien identifié par les personnes accompagnées : démarches administratives, récupération des droits, accompagnement aux soins, à l'alimentation, à la vie sociale, à la vie quotidienne...
Qu'elles soient logées au Hameau ou à Entr'elles, les personnes sont unanimes : l'accompagnement dont elles bénéficient leur a permis d'améliorer leurs accès aux besoins d'hygiène et des soins, à l'alimentation, et leur donnent le sentiment d'être écoutés et soutenus. Sur le sujet de la meilleure estime de soi, 51 % des personnes l'attribuent aux dispositifs... et 21% préfèrent ne pas répondre et ne se sentent pas concernés. Le sujet relève de l'intime et se livrer reste délicat pour certains. Difficulté également à verbaliser les potentiels problèmes d'addictions, niés à 58 %, à juste titre ou non ; Parmi les autres, une grosse moitié déclare que leur accompagnement leur a permis de prendre de conscience de ces problèmes, et trois quarts d'entre eux arrivent mieux à les maîtriser. Grâce au soutien des équipes professionnelles, les personnes accompagnées avancent et améliorent leurs conditions de vie, principalement parce qu'ils ont accès aux besoins de première nécessité, hygiène, alimentation, parce qu'ils sont épaulés dans les démarches de régularisations administratives, dans le recouvrement de leurs droits, de leur santé. Ils citent encore la prise en charge de leurs difficultés psychologiques ou psychiques, et la rupture de l'isolement.
Nous sommes très fiers de nos impacts : grâce à l'accompagnement réalisé auprès d'elles, les personnes accompagnées ont de meilleures conditions de vie au quotidien, elles se sentent en sécurité et elles avancent effectivement vers une certaine sortie de l'exclusion. Autre grande satisfaction, nous les avons amené à modifier significativement leur rapport à la santé ; si 18% d'entre elles ne déclarent aucun changement, toutes les autres accordent d'une manière ou d'une autre une plus grande attention à leur hygiène de vie et à leur santé physique. Il leur est plus difficile de parler de leur santé mentale : à la question d'une contribution des dispositifs à une amélioration de leur difficultés psychiques ou psychologiques, un tiers d'entre elles n'ont pas souhaité répondre ou se sont dites non concernées. Pour les deux tiers restantes cependant, leur rapport à leur santé mentale est également modifié, qu'elles prennent davantage soin d'elles mêmes,qu'elles se fassent accompagner par un professionnel de santé ou qu'elles déclarent avoir pu prendre conscience du sujet. Et puis, ce constat : quand bien même les personnes conviennent qu'elles ont pu se rapprocher d'une sortie de l'exclusion sociale, seule la moitié d'entre elles (54%) considère que les dispositifs leur ont permis d'avoir un peu ou beaucoup plus une place dans la société. Les autres ne voient pas d'amélioration ou ne veulent pas répondre ; nous émettons l'hypothèse énoncée par l'une d'elles lors de l'enquête : le Hameau et Entr'elles sont des refuges pour elles, qu'elles situent "hors société".
Fondation de l'Armée du Salut - siège
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Fondation de l'Armée du Salut - Marseille
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