Le programme Résilience porté par Hypra depuis 2021 s'adresse aux personnes de plus de 40 ans touchées par une déficience visuelle diagnostiquée, qui se sentent souvent isolées et dépourvues de moyens pour faire face à leur pathologie. Pour leur permettre de libérer la parole autour de ce handicap qui touche près de 1,7 millions de personnes en France, nous leur proposons de s'inscrire gratuitement à un cycle de quatre séances hebdomadaires au téléphone. Orientés par un professionnel des sciences humaines et sociales, ces échanges font connaître aux bénéficiaires des solutions concrètes leur permettant de maintenir ou de renforcer leur autonomie. A la fin des ateliers, une fiche-bilan est envoyée par voie postale à chaque participant. Elle reprend la trajectoire suivie au sein des ateliers, les besoins identifiés et les coordonnées des professionnels les plus proches du lieu de résidence. Cette étude d'impact a été rendue possible grâce à l’appui des autorités de santé et acteurs départementaux réunis au sein des Conférences des Financeurs de la Prévention de la Perte d'Autonomie. Nous avons également reçu un soutien financier des groupes de protection sociale Agrica et Klesia, membres du CCAH (groupe Place pour Tous) ; ainsi que du groupe Lourmel.
Depuis le début du programme en 2021, 501 personnes ont été inscrites dans les ateliers. Nous avons évalué à 89 le nombre de personnes ayant participé à au moins 3 séances entre juin 2022 et avril 2023 et pour lesquelles une fiche-bilan a été créée (population mère). Nous avons mené notre étude sur un échantillon de 78 personnes, ce qui contient la marge d'erreur en deçà de 5%. La collecte de données a été menée au téléphone par une anthropologue spécialisée en suivi-évaluation au sein de l'équipe Hypra, qui n'était pas impliquée dans l'animation des ateliers afin de contenir le biais émotionnel. Les réponses sont anonymisées.
Au niveau de la répartition par tranche d'âge, la diversité des participants nous permet de créer des groupes intergénérationnels, avec toutefois une majorité de seniors entre 70 et 79 ans. Le déséquilibre hommes-femmes parmi les bénéficiaires reflète les tendances actuelles selon lesquelles les hommes de plus de 50 ans sont sous-représentés dans les actions collectives de prévention -hors activités sportives- (note de cadrage du Ministère des solidarités et de la santé, Perte d'Autonomie et bien vivre son avancée en âge, 2020). Nous constatons que si les professionnels de santé constituent la part la plus importante des prescripteurs, nos partenariats avec certaines associations au niveau national nous ont permis d'enrôler de nouveaux publics dans le programme. Nous prévoyons de diversifier encore les catégories de prescripteurs, bien que nous constatons que les professionnels de santé ont le pouvoir de prescription le plus important : à l'heure actuelle, la principale difficulté du programme réside dans l'identification et l'enrôlement des bénéficiaires.
Concernant les mécanismes de pair-émulation, nous sommes heureux de constater que ceux-ci semblent être au centre des raisons pour lesquelles les bénéficiaires sortent des ateliers avec un regain d'optimisme et une détermination à agir. En effet, « être en lien avec un pair plus autonome faciliterait davantage la rupture avec des représentations incapacitantes que peuvent avoir intériorisées les personnes handicapées sur elles-mêmes ». (Gardien, 2010). Pour les prochains cycles, nous ferons systématiquement appel à des "ambassadeurs d'autonomie" ayant déjà suivi les ateliers ou étant affilié à une association telle que Rétina France, afin qu'ils puissent raconter leurs parcours et aider les personnes qui débutent sur la courbe du deuil. En recoupant les témoignages recueillis, nous avons réalisé que 13,7 % des répondants ont rencontré des problèmes techniques (son, micro) ou ont trouvé que la parole n’était pas assez distribuée dans l’ensemble du groupe. Des points méthodologiques ont été réalisés en interne afin que ces phénomènes ne se reproduisent plus.
2 à 8 mois après leur passage dans les ateliers, près de 40% des bénéficiaires (31 personnes) ont eu recours à une aide humaine, le plus souvent de type associatif ; tandis que plus de 50% des bénéficiaires (40 personnes) ont eu recours à une aide technique. Ces résultats montrent que les ateliers ont agi comme un levier permettant aux bénéficiaires d'acquérir les connaissances nécessairement préalables à ces recours. Nous sommes heureux d'avoir également pu contribuer au fait que des personnes aient accepté et fait face au handicap durant ces séances, puisqu'il s'agit toujours d'une étape difficile que nous assimilons à un deuil, celui de la vision : « certains décrivent cette expérience comme un grand trou noir d'où ils n’auraient réussi à sortir que lentement grâce à leurs propres forces intérieures et à l’aide de personnes extérieures en apprenant à accepter le handicap visuel. » (Seifert, A. & Schelling, H. R., 2014). Durant les appels, nous nous sommes aperçus qu'une partie des personnes appelées n'avait pas reçu la fiche-bilan (erreurs dans les adresses postales, compléments d'information manquants etc.), ce qui constituait une déception pour les bénéficiaires. Nous avons mis en place des mécanismes de rappels systématiques afin de s'assurer que chaque participant puisse recevoir ce compte-rendu et ait les moyens de le lire ou de se le faire lire.
Ingénieur pédagogique & animateur des séances
Support technique
Support technique
Chargé d'enrôlement (03/2021-04/2023)
Responsable Programme (04/2023-à date)
Chargée de l'étude d'impact
Valorisation de l'étude d'impact
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